Quand les intermédiaires faussent le marché
* La pénurie du ciment, principal ingrédient de construction, est à l’ordre du jour. * Le secteur changera de configuration avec l’arrivée de nouveaux entrants. * Taoufik Hjira, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, livre son point de vue. | |
Finances News Hebdo : Plusieurs promoteurs ont arrêté aujourd’hui leurs chantiers à cause d’une pénurie de la denrée ciment. Ne pensez-vous que cet état de fait puisse avoir des effets négatifs sur vos prévisions ? Taoufik Hjira : Les cimentiers produisent à pleine cadence avec un niveau de production de 13.000 tonnes, ce qui correspond, d’après les cimentiers, à la demande. On n’est pas dans une logique de pénurie sauf dans quelques régions. Et comme aujourd’hui l’offre est proche de la demande, il y a l’introduction de l’enjeu et des jeux des intermédiaires qui posent problème et qui donnent cette impression qu’il y a une pénurie. Ce qui est tout à fait normal. En effet, quand l’offre est proche de la demande et lorsque les intermédiaires se mêlent à la chose, il est tout à fait normal que cela donne de mauvais résultats. Il y a une usine qui va ouvrir à Settat qui va pouvoir remettre les pendules à l’heure et qui va donner cette marge entre l’offre et la demande, cette différence de disponibilité de ciment et pour évincer les intermédiaires du circuit. Aussi, il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de cimenteries en cours de montage aujourd’hui. Les cimentiers se sont engagés à mettre dans le pipe des investissements qui s’élèveront à 8 milliards de DH d’ici 2010. Ils sont obligés de le faire parce qu’il ne faut pas oublier que l’essentiel de la production est devant nous. Les villes nouvelles commencent à peine à sortir du sol et les principales destinations du plan Azur sont en plein démarrage, ainsi que les gros ouvrages dans les autres chantiers (autoroutes, logements économiques…). Ceci dit, il faut s’attendre dans les prochaines années à une augmentation supplémentaire de la consommation. En 2007, on a assisté à une augmentation de la consommation de près de 41% par rapport à 2003. Et l’on va assister à ce dynamisme et à cette augmentation régulière dans les prochaines années sans aucun problème. Et les cimentiers sont conscients de la situation. F.N.H. : Justement, en ce qui concerne les intermédiaires, comment pensez-vous les évincer de ce circuit ? T. H. : Il n’y aura pas de dispositions pour les évincer du marché. C’est une logique du marché et l’intervention de l’Etat ne se situe pas à ce niveau-là. Au contraire, il faut laisser les «équilibres» du marché fonctionner normalement. Plutôt, il faut travailler sur l’offre afin qu’elle soit abondante et que les usines qui sont dans la dernière phase du lancement, soient opérationnelles. Et s’il y a une chose que les pouvoirs publics sont appelés à faire est qu’il faut rapidement valider les dossiers d’investissement des nouvelles cimenteries. F.N. H. : Est-ce que vous, en tant que ministère de l’Habitat, veillez au grain afin d’éviter toute entente tacite entre cimentiers essentiellement en matière de prix ? T.H. : Les prix du ciment respectent d’abord une logique du marché, ensuite d’encadrement de l’Etat. Ils ne sont pas tout à fait libres de préciser seuls le prix. Et il existe une concertation continue entre les cimentiers et l’Etat. De toute façon, je peux vous informer qu’entre les cimentiers et les pouvoirs publics, il y a une entente parfaite parce que l’Association des cimentiers est une association citoyenne et avec laquelle nous avons de très bonnes relations régulières. F. N. H. : Est-ce qu’il n’y aura pas d’entrants de l’étranger ? T. H. : Ce n’est pas inscrit à l’ordre du jour dans cette phase. On attendra l’évolution du marché et on prendra une décision ensemble. |