Injecter de l’argent dans l’économie
Question: À propos de l’idée de déménager de New York à Montréal le quartier général de l’Organisation des Nations Unies, un chroniqueur écrit: « la ville [de New York] veut garder l’ONU; l’organisme international et ses diplomates accrédités, plus de 9 000 personnes et leurs familles, injectent plus de trois milliards de dollars par année dans l’économie locale » (National Post, 27 octobre 2007). Cela signifie-t-il qu’il y a des avantages de trois milliards de dollars pour l’économie locale?
Réponse:
Attention! Il faut voir le problème en termes de biens et services réels. De combien les participants à l’économie locale sont-ils en mesure d’augmenter leur consommation de biens et services réels? Rappelons que c’est dans la consommation que se trouvent les avantages de l’activité économique, pas dans le travail, qui est un coût engagé afin d’obtenir ces avantages.
Voyons d’abord ce qui arriverait si c’était une entreprise privée qui déménageait son siège social à Montréal, et se mettait à payer ici trois milliards de dollars en profits et salaires. On aurait alors, dans l’économie locale, trois milliards de dollars de plus en production de biens et services, et la même valeur en consommation additionnelle par ceux qui touchent les revenus provenant de cette production. Les nouveaux participants de l’économie locale consomment en ressources l’équivalent de ce qu’ils produisent. Ainsi, si on considère le produit intérieur brut à l’exclusion de tout double compte, il n’y a pas d’avantages nouveaux dans l’économie locale, sinon ceux que les nouveaux participants obtenaient auparavant ailleurs.
À première vue, le cas des Nations Unies n’est pas différent: la production et la consommation augmentent de trois milliards de dollars là où l’organisation établit son siège social, et les nouveaux participants de l’économie locale en expliquent complètement la source et la destination. Il y a pourtant quelques différences par rapport au cas simple examiné ci-dessus. La première affecte autant les entreprises privées que l’ONU: si une partie des trois milliards de dollars est consacrée à l’acquisition de biens intermédiaires comme des ordinateurs et des trombones, plutôt qu’à payer des salaires, il ne s’agit pas de valeur ajouté, et il faut compter cette dépense comme un coût pour l’économie et non comme un avantage. Notez que cette réserve importe peu si, de toute manière, les nouveaux avantages nets pour l’économie sont de zéro.
D’autres différences concernent plus spécifiquement les organismes publics. On pourrait soutenir que les services que produit l’ONU ne valent pas vraiment ce qu’ils coûtent; en tout cas, on n’a aucun moyen d’évaluer leur valeur puisqu’ils ne sont pas échangés sur le marché, mais « achetés » par des contribuables anonymes dans le vaste monde. (Sans compter que ces services peuvent avoir une valeur négative pour certains consommateurs.) La partie de la rémunération qui ne correspond pas à une production utile représente un simple transfert des contribuables vers les employés de l’ONU. Ce qui provient des contribuables étrangers équivaut à une augmentation de la masse monétaire canadienne, ce qui ne peut (dans une économie de plein emploi) qu’attiser l’inflation.
D’une manière ou d’une autre, l’avantage net pour l’économie locale est nul, sinon négatif. La seule manière d’échapper à cette conclusion serait de supposer que la production de l’ONU n’est pas marginale par rapport à « l’économie locale » et qu’elle augmente ce que les économistes appellent le « surplus des consommateurs », c’est-à-dire l’avantage net que les individus retirent de la vie en société et de l’échange.
Question: À propos de l’idée de déménager de New York à Montréal le quartier général de l’Organisation des Nations Unies, un chroniqueur écrit: « la ville [de New York] veut garder l’ONU; l’organisme international et ses diplomates accrédités, plus de 9 000 personnes et leurs familles, injectent plus de trois milliards de dollars par année dans l’économie locale » (National Post, 27 octobre 2007). Cela signifie-t-il qu’il y a des avantages de trois milliards de dollars pour l’économie locale?
Réponse:
Attention! Il faut voir le problème en termes de biens et services réels. De combien les participants à l’économie locale sont-ils en mesure d’augmenter leur consommation de biens et services réels? Rappelons que c’est dans la consommation que se trouvent les avantages de l’activité économique, pas dans le travail, qui est un coût engagé afin d’obtenir ces avantages.
Voyons d’abord ce qui arriverait si c’était une entreprise privée qui déménageait son siège social à Montréal, et se mettait à payer ici trois milliards de dollars en profits et salaires. On aurait alors, dans l’économie locale, trois milliards de dollars de plus en production de biens et services, et la même valeur en consommation additionnelle par ceux qui touchent les revenus provenant de cette production. Les nouveaux participants de l’économie locale consomment en ressources l’équivalent de ce qu’ils produisent. Ainsi, si on considère le produit intérieur brut à l’exclusion de tout double compte, il n’y a pas d’avantages nouveaux dans l’économie locale, sinon ceux que les nouveaux participants obtenaient auparavant ailleurs.
À première vue, le cas des Nations Unies n’est pas différent: la production et la consommation augmentent de trois milliards de dollars là où l’organisation établit son siège social, et les nouveaux participants de l’économie locale en expliquent complètement la source et la destination. Il y a pourtant quelques différences par rapport au cas simple examiné ci-dessus. La première affecte autant les entreprises privées que l’ONU: si une partie des trois milliards de dollars est consacrée à l’acquisition de biens intermédiaires comme des ordinateurs et des trombones, plutôt qu’à payer des salaires, il ne s’agit pas de valeur ajouté, et il faut compter cette dépense comme un coût pour l’économie et non comme un avantage. Notez que cette réserve importe peu si, de toute manière, les nouveaux avantages nets pour l’économie sont de zéro.
D’autres différences concernent plus spécifiquement les organismes publics. On pourrait soutenir que les services que produit l’ONU ne valent pas vraiment ce qu’ils coûtent; en tout cas, on n’a aucun moyen d’évaluer leur valeur puisqu’ils ne sont pas échangés sur le marché, mais « achetés » par des contribuables anonymes dans le vaste monde. (Sans compter que ces services peuvent avoir une valeur négative pour certains consommateurs.) La partie de la rémunération qui ne correspond pas à une production utile représente un simple transfert des contribuables vers les employés de l’ONU. Ce qui provient des contribuables étrangers équivaut à une augmentation de la masse monétaire canadienne, ce qui ne peut (dans une économie de plein emploi) qu’attiser l’inflation.
D’une manière ou d’une autre, l’avantage net pour l’économie locale est nul, sinon négatif. La seule manière d’échapper à cette conclusion serait de supposer que la production de l’ONU n’est pas marginale par rapport à « l’économie locale » et qu’elle augmente ce que les économistes appellent le « surplus des consommateurs », c’est-à-dire l’avantage net que les individus retirent de la vie en société et de l’échange.