De manière générale, les obstacles aux progrès de la région
du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord s’expliquent par
cinq facteurs principaux :
Des réformes politiques à la traîne. En raison notamment de l’importance géopolitique de la région, des influences hégémoniques extérieures prennent le pas sur des systèmes publics faibles, gouvernés le plus souvent par des régimes autoritaires.
La fragmentation politique et les conflits récurrents ont entravé le développement d’institutions démocratiques et restent un obstacle majeur à la réforme économique.Les lignes de démarcation entre secteur public et secteur privé sont souvent floues, ce qui encourage
les conflits d’intérêts, la recherche de rentes et la corruption.
S’il y a quelques exceptions, les pouvoirs publics ne sont pas suffisamment transparents et sont rarement comptables de leur action.Dans ces conditions, la participation des citoyens et
l’initiative du secteur privé restent limitées.
Des secteurs publics omniprésents. Malgré des progrès dans la privatisation, la plupart des économies restent dominées par des institutions publiques surdimensionnées et de vastes secteurs publics. Avec la montée du chômage, le secteur public fait de plus en plus office d’employeur de dernier ressort, d’où le gonflement de la masse salariale publique. Les administrations publiques de la région sont relativement grandes et en situation de désépargne nette depuis une génération. On constate des progrès dans la privatisation, surtout dans le secteur des télécommunications. Toutefois, en regard des normes internationales, les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord tardent encore à mettre en place les conditions économiques et financières propices à l’esprit d’entreprise, à la prise de risques, ainsi qu’à un investissement et à une croissance tirés par le secteur privé.
Des marchés financiers sous-développés. Si le développement du secteur financier a progressé des années 70 au milieu des années 80, période pendant laquelle la région du Moyen- Orient et de l’Afrique du Nord devançait les nouvelles économies industrielles, il a ralenti au cours des dernières années, et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont aujourd’hui à la traîne de ces économies. Au nombre des réformes notables, il convient de mentionner le renforcement de la réglementation du secteur financier dans la majorité des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et quelques autres pays (comme la Jordanie, le Liban, le Maroc, le Soudan et la Tunisie). Certains ont adopté des instruments indirects de politique monétaire, et d’autres (comme l’Afghanistan, l’Iran, le Pakistan et le Soudan) ont réformé leur régime de change. Malgré ces efforts, les marchés financiers de la région restent dans l’ensemble peu actifs et fragmentés. Les banques sont en majorité détenues ou contrôlées par l’État, et leurs engagements sur celui-ci sont fort élevés; leur réglementation est obsolète, leur gestion est médiocre, et leurs liens avec les marchés de capitaux internationaux sont peu développés. Les secteurs financiers de la région ne jouent donc pas le rôle d’intermédiation nécessaire pour soutenir l’investissement et la croissance.
Des échanges fort limités. Selon les spécialistes, l’ouverture commerciale — c’est-à-dire la possibilité pour les étrangers et les ressortissants nationaux d’effectuer des transactions
sans coûts imposés par l’État (droits de douane et obstacles non tarifaires, par exemple) — contribue fortement à l’augmentation de la productivité et à la croissance du revenu par habitant. Une hausse des échanges stimule la productivité grâce à l’importation de connaissances et d’innovations.
Les régimes de commerce varient dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. De nombreux pays, dont ceux du CCG, la Mauritanie et le Yémen et, dans une moindre mesure et plus récemment, l’Algérie et la Jordanie, ont libéralisé leur régime de commerce. Les autres, par contre, malgré des efforts de libéralisation (par exemple les changements récents en Iran, au Maroc, au Pakistan et au Soudan), conservent des droits de douane relativement élevés et des obstacles non tarifaires. De ce fait, l’indice de restriction au commerce (établi par les services du FMI) pour l’ensemble de la région est le double de la moyenne des autres pays en développement.
Des régimes de change inadaptés. Bien des pays de la région continuent d’appliquer un régime de change rigide, notamment des parités fixes ou des bandes de fluctuation étroites. Si
le rattachement à une monnaie de référence peut parfois s’avérer utile, les pays ont tendance à différer l’ajustement en cas d’une appréciation du taux de change réel ou sont réticents
à abandonner un régime fixe lorsque c’est nécessaire.
Des régimes de change inadaptés sont considérés comme un facteur d’explication important de la faible croissance des exportations non pétrolières. Ils ont peut-être aussi retardé la
mise en place de cadres de politique monétaire (comme le ciblage de l’inflation) qui conviendraient mieux aux pays à marché émergent de la région — comme la Jordanie, le Liban,
le Maroc et la Tunisie — qui cherchent à s’intégrer davantage dans l’économie mondiale.
sources: Finances & Développement Mars 2003
du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord s’expliquent par
cinq facteurs principaux :
Des réformes politiques à la traîne. En raison notamment de l’importance géopolitique de la région, des influences hégémoniques extérieures prennent le pas sur des systèmes publics faibles, gouvernés le plus souvent par des régimes autoritaires.
La fragmentation politique et les conflits récurrents ont entravé le développement d’institutions démocratiques et restent un obstacle majeur à la réforme économique.Les lignes de démarcation entre secteur public et secteur privé sont souvent floues, ce qui encourage
les conflits d’intérêts, la recherche de rentes et la corruption.
S’il y a quelques exceptions, les pouvoirs publics ne sont pas suffisamment transparents et sont rarement comptables de leur action.Dans ces conditions, la participation des citoyens et
l’initiative du secteur privé restent limitées.
Des secteurs publics omniprésents. Malgré des progrès dans la privatisation, la plupart des économies restent dominées par des institutions publiques surdimensionnées et de vastes secteurs publics. Avec la montée du chômage, le secteur public fait de plus en plus office d’employeur de dernier ressort, d’où le gonflement de la masse salariale publique. Les administrations publiques de la région sont relativement grandes et en situation de désépargne nette depuis une génération. On constate des progrès dans la privatisation, surtout dans le secteur des télécommunications. Toutefois, en regard des normes internationales, les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord tardent encore à mettre en place les conditions économiques et financières propices à l’esprit d’entreprise, à la prise de risques, ainsi qu’à un investissement et à une croissance tirés par le secteur privé.
Des marchés financiers sous-développés. Si le développement du secteur financier a progressé des années 70 au milieu des années 80, période pendant laquelle la région du Moyen- Orient et de l’Afrique du Nord devançait les nouvelles économies industrielles, il a ralenti au cours des dernières années, et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont aujourd’hui à la traîne de ces économies. Au nombre des réformes notables, il convient de mentionner le renforcement de la réglementation du secteur financier dans la majorité des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et quelques autres pays (comme la Jordanie, le Liban, le Maroc, le Soudan et la Tunisie). Certains ont adopté des instruments indirects de politique monétaire, et d’autres (comme l’Afghanistan, l’Iran, le Pakistan et le Soudan) ont réformé leur régime de change. Malgré ces efforts, les marchés financiers de la région restent dans l’ensemble peu actifs et fragmentés. Les banques sont en majorité détenues ou contrôlées par l’État, et leurs engagements sur celui-ci sont fort élevés; leur réglementation est obsolète, leur gestion est médiocre, et leurs liens avec les marchés de capitaux internationaux sont peu développés. Les secteurs financiers de la région ne jouent donc pas le rôle d’intermédiation nécessaire pour soutenir l’investissement et la croissance.
Des échanges fort limités. Selon les spécialistes, l’ouverture commerciale — c’est-à-dire la possibilité pour les étrangers et les ressortissants nationaux d’effectuer des transactions
sans coûts imposés par l’État (droits de douane et obstacles non tarifaires, par exemple) — contribue fortement à l’augmentation de la productivité et à la croissance du revenu par habitant. Une hausse des échanges stimule la productivité grâce à l’importation de connaissances et d’innovations.
Les régimes de commerce varient dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. De nombreux pays, dont ceux du CCG, la Mauritanie et le Yémen et, dans une moindre mesure et plus récemment, l’Algérie et la Jordanie, ont libéralisé leur régime de commerce. Les autres, par contre, malgré des efforts de libéralisation (par exemple les changements récents en Iran, au Maroc, au Pakistan et au Soudan), conservent des droits de douane relativement élevés et des obstacles non tarifaires. De ce fait, l’indice de restriction au commerce (établi par les services du FMI) pour l’ensemble de la région est le double de la moyenne des autres pays en développement.
Des régimes de change inadaptés. Bien des pays de la région continuent d’appliquer un régime de change rigide, notamment des parités fixes ou des bandes de fluctuation étroites. Si
le rattachement à une monnaie de référence peut parfois s’avérer utile, les pays ont tendance à différer l’ajustement en cas d’une appréciation du taux de change réel ou sont réticents
à abandonner un régime fixe lorsque c’est nécessaire.
Des régimes de change inadaptés sont considérés comme un facteur d’explication important de la faible croissance des exportations non pétrolières. Ils ont peut-être aussi retardé la
mise en place de cadres de politique monétaire (comme le ciblage de l’inflation) qui conviendraient mieux aux pays à marché émergent de la région — comme la Jordanie, le Liban,
le Maroc et la Tunisie — qui cherchent à s’intégrer davantage dans l’économie mondiale.
sources: Finances & Développement Mars 2003