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L'Etat américain au secours de Wall Street
Au printemps 2008, Henri Paulson, secrétaire au Trésor américain, était sûr qu'il n'aurait pas besoin de sortir son "bazooka". Certain que la seule évocation qu'il avait faite alors du soutien de l'Etat vis-à-vis de Freddie Mac et Fannie Mae suffisait à rassurer Wall Street. Certain enfin que l'Etat n'aurait pas à débourser des milliards pour éviter la déconfiture de Freddie Mac et Fannie Mae, les deux géants du refinancement hypothécaire aux Etats-Unis. "L'avantage quand vous avez un bazooka et que les gens le savent, c'est que vous n'avez pas besoin d'en faire usage", indiquait-il.
Trois mois plus tard, non seulement M. Paulson a dû dégainer ledit bazooka mais cela n'a pas suffi. Dimanche 7 septembre, l'Etat a annoncé la quasi-nationalisation de Freddie Mac et Fannie Mae. Une opération qui pourrait lui coûter jusqu'à 200 milliards de dollars (141 milliards d'euros). Cinq jours plus tard, le Trésor et la Réserve fédérale américaine (Fed) ont dû s'emparer d'un nouveau dossier : le sort de Lehman Brothers. La banque d'affaires a annoncé, mercredi, une perte trimestrielle abyssale de 3,9 milliards de dollars. En moins d'une semaine, son cours s'est effondré de 77,41 %. Depuis Lehman recherche désespérément un repreneur.
L'Etat ne sauvera peut-être pas Lehman Brothers, toutefois, un porte-parole de la Maison Blanche a indiqué vendredi 12 septembre sur la chaîne CNBC que le gouvernement "avait à l'oeil le secteur financier". Les investisseurs ont été à moitié rassurés. Assez en tout cas pour calmer le "krach rampant", expression désormais consacrée par les analystes pour décrire la baisse continue de la Bourse depuis un an.
Sur la semaine, le Dow Jones a ainsi engrangé 1,79 %. Les places européennes ont suivi la tendance. A Paris, le CAC 40 a gagné 3,24 %, le Footsie de Londres 3,36 %, tandis qu'à Francfort le DAX a terminé en hausse de 1,75 %.
La capacité des autorités à calmer les inquiétudes des investisseurs et à soutenir à bout de bras la finance américaine pourrait toutefois trouver ses limites. "Elles l'ont fait trop souvent", explique le milliardaire américain George Soros, dans son ouvrage La Vérité sur la crise financière (éd. Denoël, 18 euros).
Avant de soutenir Freddie Mac et Fannie Mae, la Fed avait déjà orchestré en mars la reprise de Bear Stearns, une autre banque d'affaires menacée de faillite.
En outre, la finance n'est pas, ou plus, le seul motif d'inquiétude. "Toute l'économie est en train d'être saccagée", souligne M. Soros. La contagion de la crise financière au reste de l'économie devient manifeste.
Aux Etats-Unis, le chômage atteint désormais 6,1 % de la population active. L'inflation reste vive et le consommateur se serre la ceinture. Vendredi, le département du commerce a indiqué que les ventes de détail aux Etats-Unis avaient reculé de 0,3 % en août après une hausse de 0,1 % en juillet. Un chiffre inattendu qui est, pour la plupart des économistes, le signe que les effets du "plan Bush" - une restitution d'impôts de 157 milliards de dollars à plus de 100 millions de foyers fiscaux américains - commencent déjà à s'estomper.
Du côté du commerce extérieur, la remontée du dollar pourrait désormais empêcher la monnaie de jouer son rôle de soutien aux exportations. Bref, les Etats-Unis ne sont peut-être pas en récession, mais l'économie souffre.
L'Europe, elle, n'a jamais émis de crédits subprimes, mais se retrouve frappée plus durement encore qu'aux Etats-Unis par cette crise. "Une récession dans la zone euro n'est pas exclue", a indiqué jeudi Nout Wellinck, gouverneur de la banque centrale néerlandaise. "Il ne faut pas dire que l'Europe est sur le seuil de la récession, ce n'est pas vrai, il faut distinguer récession et récession technique (soit deux trimestre de contraction du produit intérieur brut) ", a rectifié vendredi Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, en marge de la réunion des ministres des finances européens à Nice.
Pour les investisseurs, la nuance n'a que peu d'importance. Ils savent que les profits des sociétés vont reculer. Depuis le mois de janvier, l'intégralité des cours des sociétés du CAC 40 est dans le rouge. Certaines actions souffrent plus que d'autres. Comme le secteur automobile, jugé plus vulnérable aux cycles économiques. Cette semaine, le constructeur Renault (- 45,38 % depuis janvier) prévoit 6 000 suppressions d'emplois dans le monde afin de réduire ses coûts et de préserver ses marges.
Le secteur de la distribution, sensible à la baisse du pouvoir d'achat des ménages, inquiète aussi. Depuis le début de l'année, le titre de Carrefour a cédé plus de 35 %.
L'âge d'or de l'immobilier et des valeurs foncières semble quant à lui révolu. Depuis le début de l'année, Gecina cédé 21 % et Nexity plus de 50 %. Claire Gatinois
L'Etat américain au secours de Wall Street
Au printemps 2008, Henri Paulson, secrétaire au Trésor américain, était sûr qu'il n'aurait pas besoin de sortir son "bazooka". Certain que la seule évocation qu'il avait faite alors du soutien de l'Etat vis-à-vis de Freddie Mac et Fannie Mae suffisait à rassurer Wall Street. Certain enfin que l'Etat n'aurait pas à débourser des milliards pour éviter la déconfiture de Freddie Mac et Fannie Mae, les deux géants du refinancement hypothécaire aux Etats-Unis. "L'avantage quand vous avez un bazooka et que les gens le savent, c'est que vous n'avez pas besoin d'en faire usage", indiquait-il.
Trois mois plus tard, non seulement M. Paulson a dû dégainer ledit bazooka mais cela n'a pas suffi. Dimanche 7 septembre, l'Etat a annoncé la quasi-nationalisation de Freddie Mac et Fannie Mae. Une opération qui pourrait lui coûter jusqu'à 200 milliards de dollars (141 milliards d'euros). Cinq jours plus tard, le Trésor et la Réserve fédérale américaine (Fed) ont dû s'emparer d'un nouveau dossier : le sort de Lehman Brothers. La banque d'affaires a annoncé, mercredi, une perte trimestrielle abyssale de 3,9 milliards de dollars. En moins d'une semaine, son cours s'est effondré de 77,41 %. Depuis Lehman recherche désespérément un repreneur.
L'Etat ne sauvera peut-être pas Lehman Brothers, toutefois, un porte-parole de la Maison Blanche a indiqué vendredi 12 septembre sur la chaîne CNBC que le gouvernement "avait à l'oeil le secteur financier". Les investisseurs ont été à moitié rassurés. Assez en tout cas pour calmer le "krach rampant", expression désormais consacrée par les analystes pour décrire la baisse continue de la Bourse depuis un an.
Sur la semaine, le Dow Jones a ainsi engrangé 1,79 %. Les places européennes ont suivi la tendance. A Paris, le CAC 40 a gagné 3,24 %, le Footsie de Londres 3,36 %, tandis qu'à Francfort le DAX a terminé en hausse de 1,75 %.
La capacité des autorités à calmer les inquiétudes des investisseurs et à soutenir à bout de bras la finance américaine pourrait toutefois trouver ses limites. "Elles l'ont fait trop souvent", explique le milliardaire américain George Soros, dans son ouvrage La Vérité sur la crise financière (éd. Denoël, 18 euros).
Avant de soutenir Freddie Mac et Fannie Mae, la Fed avait déjà orchestré en mars la reprise de Bear Stearns, une autre banque d'affaires menacée de faillite.
En outre, la finance n'est pas, ou plus, le seul motif d'inquiétude. "Toute l'économie est en train d'être saccagée", souligne M. Soros. La contagion de la crise financière au reste de l'économie devient manifeste.
Aux Etats-Unis, le chômage atteint désormais 6,1 % de la population active. L'inflation reste vive et le consommateur se serre la ceinture. Vendredi, le département du commerce a indiqué que les ventes de détail aux Etats-Unis avaient reculé de 0,3 % en août après une hausse de 0,1 % en juillet. Un chiffre inattendu qui est, pour la plupart des économistes, le signe que les effets du "plan Bush" - une restitution d'impôts de 157 milliards de dollars à plus de 100 millions de foyers fiscaux américains - commencent déjà à s'estomper.
Du côté du commerce extérieur, la remontée du dollar pourrait désormais empêcher la monnaie de jouer son rôle de soutien aux exportations. Bref, les Etats-Unis ne sont peut-être pas en récession, mais l'économie souffre.
L'Europe, elle, n'a jamais émis de crédits subprimes, mais se retrouve frappée plus durement encore qu'aux Etats-Unis par cette crise. "Une récession dans la zone euro n'est pas exclue", a indiqué jeudi Nout Wellinck, gouverneur de la banque centrale néerlandaise. "Il ne faut pas dire que l'Europe est sur le seuil de la récession, ce n'est pas vrai, il faut distinguer récession et récession technique (soit deux trimestre de contraction du produit intérieur brut) ", a rectifié vendredi Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, en marge de la réunion des ministres des finances européens à Nice.
Pour les investisseurs, la nuance n'a que peu d'importance. Ils savent que les profits des sociétés vont reculer. Depuis le mois de janvier, l'intégralité des cours des sociétés du CAC 40 est dans le rouge. Certaines actions souffrent plus que d'autres. Comme le secteur automobile, jugé plus vulnérable aux cycles économiques. Cette semaine, le constructeur Renault (- 45,38 % depuis janvier) prévoit 6 000 suppressions d'emplois dans le monde afin de réduire ses coûts et de préserver ses marges.
Le secteur de la distribution, sensible à la baisse du pouvoir d'achat des ménages, inquiète aussi. Depuis le début de l'année, le titre de Carrefour a cédé plus de 35 %.
L'âge d'or de l'immobilier et des valeurs foncières semble quant à lui révolu. Depuis le début de l'année, Gecina cédé 21 % et Nexity plus de 50 %. Claire Gatinois